Plus silencieuse, très performante, non polluante, la moto électrique devient une actrice incontournable du marché, une alternative séduisante et tentatrice. Pourtant, si des marques spécialisées ont cru en elle et ont développé d’excellents modèles, les constructeurs traditionnels ont mis plus de temps à se positionner.
Un peu d’histoire…
Le premier brevet concernant un véhicule deux roues à moteur a été déposé à la Préfecture de la Seine le 16 mars 1869. Son inventeur, Louis-Guillaume Perreaux, avait préalablement fabriqué des vélos et déposé des brevets relatifs à des machines à vapeur.
La même année, aux États-Unis, Roper monte un deux roues à vapeur. Elle sembla plus destinée à des animations dans les foires qu’à une utilisation en tant que véhicule.
Quelques années plus tard (en 1884), un Américain, Copeland, construit à son tour un bicycle à vapeur équipé d’une énorme roue arrière. En vérité, un doute existe quant à l’existence de cette ancêtre de la moto car elle n’est représentée que sur une peinture. Nulle trace de photo ni de brevet la concernant.
En 1885, Daimler fabrique un moteur à pétrole de 464 cm3 et l’installe sur un vélocipède en bois. La technologie évolue. Un moteur à pétrole remplace la machine à vapeur. Le poids et l’encombrement de la chaudière constituent un inconvénient difficilement surmontable pour les machines à vapeur. Ce qui ne tardera pas à les éliminer du marché de la moto.
En 1894, la Pétrolette arrive en France. Il s’agit d’un modèle fabriqué par Hildebrand et Wolfmuller qui la distribuent par un véritable réseau de vente.
A partir de 1900, les marques se multiplient dans le monde entier. Les technologies progressent. Elles s’appliquent à la puissance des moteurs à explosion, aux freins, à la suspension, aux châssis.
Les prémices de l’utilisation de l’électrique pour une moto
La première utilisation du moteur électrique pour propulser un deux roues remonte à 1897. Le constructeur britannique Gladiator-Pingaud fit rouler un tandem électrique à 34 km/h, ce qui était impressionnant à l’époque.
L’Electrocyclette, proposée en 1928 par un artisan lyonnais, était déjà une véritable moto électrique mais son autonomie ne dépassait pas les 30 km.
Longtemps, la moto électrique restera absente du débat. Anglaises, Allemandes, Italiennes, américaines, Japonaises et parfois Françaises lutteront sur les pistes de conquête des conducteurs de bolides à deux roues. Mais l’histoire de la moto se confondant volontiers avec celle de la mobilité, la moto électrique va frapper avec la force de la foudre. Notamment grâce à deux constructeurs qui vont se donner les moyens de produire et de diffuser des motos électriques compétitives, Zero Motocycles et Super Soco.
Pourquoi les constructeurs traditionnels sont-ils en retard ?
Sans doute d’abord parce que les constructeurs traditionnels de grosses cylindrées thermiques ont mis du temps à croire en la moto électrique.
Les premiers prototypes des constructeurs traditionnels
Au salon de la moto 2015, seul Harley Davidson présentait le prototype d’une machine destinée à être commercialisée. D’autres manifestaient une franche réticence au développement de la technologie électrique sur les motos. C’était le cas d’un représentant de Triumph qui craignait que le marché ne soit pas prêt. Ou encore des responsables d’autres marques qui se demandaient si la capacité des batteries serait suffisante pour convaincre des clients. En cette matière, les progrès se révèlent rapides et l’autonomie des machines évolue de manière spectaculaire.
L’image traditionnelle du motard telle qu’elle est véhiculée par la culture populaire montre un personnage un peu primaire. On pourrait même dire de lui qu’il est peu sensible aux autres et à l’avenir. L’homme à la moto avec un aigle sur le dos que chanta Édith Piaf en représente un exemple. « Sa moto qui partait comme un boulet de canon semait la terreur dans toute la région. Jamais il ne se coiffait, jamais il ne se lavait… ». Quand Brigitte Bardot chante Harley Davidson, sa propre vie lui indiffère. Elle fonce dans un train d’enfer. « Je vais à plus de cent, Et je me sens à feu et à sang, Que m’importe de mourir, Les cheveux dans le vent! ». Le motard apparaît comme obsédé par la brutalité d’une machine trépidante et ne tient qu’à son terrible engin.
Au cinéma, Mad Max, L’Équipée sauvage, ou Ghost Rider ne présentent pas non plus le motard en personnage consensuel et paisible.
Une évolution de la société avec laquelle il faut composer
Mais la société évolue. Celui (ou celle) qui aime rouler à moto n’a pas forcément envie de réveiller 50.000 personnes lorsqu’il rentre du cinéma. Même chose lorsqu’il rentre du restaurant le soir en traversant plusieurs arrondissements de Paris. Aimer rouler à moto et se montrer sensible à la qualité de l’air ne sont pas incompatibles. Alors, le motard se montre de plus en plus empathique, comme les autres citoyens. De plus en plus nombreux sont celles et ceux susceptibles de céder au chant des sirènes de la mobilité électrique.
Les constructeurs traditionnels de motos thermiques ont perçu l’évolution du marché et prennent le train en marche. D’autant qu’ils réalisent que les normes en matière d’émission de CO2 et les interdictions prévisibles de fabriquer des moteurs thermiques à moyen terme rendent la moto électrique incontournable. Elle devient une réponse aux nouvelles problématiques de mobilité. « C’est un marché en plein développement qui connaît une expansion incroyablement rapide » déclare Umberto Uccelli, Directeur Général Europe de Zero Motorcycles, pionnier et locomotive de ce créneau.
Si en 2015 les constructeurs convaincus étaient rares, aujourd’hui, tous les constructeurs généralistes significatifs proposent une moto électrique à leur gamme ou se préparent à le faire.
Les avantages des marques spécialisées dans la moto électrique
Si tous les constructeurs reconnaissent désormais que la moto électrique est devenue incontournable, les pionniers de cette technologie bénéficieront forcément de la pole position conquise au départ de la conquête de ce nouveau marché.
Les prémices de la moto électrique
Dix ans avant le Salon de la moto de Paris où les constructeurs généralistes doutaient de l’intérêt de la moto électrique, un ancien ingénieur de la NASA, Neal Salki, préparait déjà ses motos électriques en Californie et les soumettait au test de clients. Parmi les recettes de son futur succès, l’emploi de matériaux de qualité, ceux utilisés dans l’aéronautique, et son moteur breveté, le Z-Force.
La firme allait connaître une croissance enviable. Ses carnets de commandes se remplissent. Si Neal Salki décide de se lancer dans un autre projet en 2011, il aura réussi à inscrire son entreprise sur la trajectoire d’une croissance annuelle à deux chiffres et finalisé une levée de fonds de 17 millions de dollars. La clientèle ne se limite pas aux particuliers. Outre-Atlantique, plus d’une centaine d’administrations, les forces de l’ordre et l’armée achètent les motos électriques Zero Motorcycles. L’entreprise a conquis les moyens de financer les recherches de nature à faire progresser ses machines en matière de performances, de qualité, d’autonomie et de vitesse de recharge.
Résultat de la démarche Zero Motorcycles, des motos au look magnifique et aux performances stupéfiantesc ! Elles ont la réputation d’enchanter les essayeurs et les clients… Une success-story qui ne laisse personne insensible !
Les autres acteurs du milieu de la moto électrique
Autre acteur pionnier et acteur important du secteur de la moto électrique, Super Soco. Une firme jeune, créée en 2016, attachée aux technologies innovantes, basée sur l’énergie électrique et électronique. Super Soco a développé des partenariats et utilise des moteurs électriques Bosch.
Fabriquées par un constructeur qui met en avant son attachement au transport électrique. Fiables, élégantes, bien finies, performantes et astucieusement positionnées au niveau tarifaire. Les motos électriques Super Soco ne manquent pas d’arguments pour séduire une large clientèle.
Les pionniers de la moto électrique bénéficient d’une expérience du marché et d’une connaissance de ses spécificités que leurs concurrents généralistes n’atteindront qu’après plusieurs années ;
En outre, les spécialistes de la moto électrique ont déjà travaillé sur les problèmes d’autonomie des batteries et de consommation des moteurs fabriqués ou retenus avant même que la concurrence n’aborde ces questionnements.
Enfin, les vendeurs de modèles fabriqués par les pionniers du marché de la moto électrique disposent d’équipes de SAV connaissant parfaitement les technologies employées. Certes, les interventions sont rares sur une moto électrique. Mais l’expérience de son fonctionnement se révélera plus rassurante que la réticence compréhensible d’ateliers formés à la maintenance de moteurs thermiques et potentiellement réticents à la perspective d’interventions sur des modèles électriques.